Société

Parlons de la division entre les Haïtiens et les Antillais anglophones de Montréal


Après mûre réflexion, je réitère que la Ville de Montréal a agi de mauvaise foi dans le dossier de la Carifiesta, mais la dichotomie qui existe entre les Haïtiens et les Antillais anglophones doit également être mise au banc des accusés.

En effet, nous sommes séparés par un « mur de Berlin », qui a été érigé entre l’est et l’ouest de la ville, et une barrière linguistique, le français et l’anglais.

Il s’agit bien là d’un « tribalisme » antillais fondé sur la langue des colons et des préjugés légués par ces derniers.

Par exemple, au début des années 1980, l’anti-haïtianisme s’est emparé de la communauté noire anglophone, et plusieurs n’hésitaient pas à qualifier les Haïtiens de « Fucking Haitians », de « Boat People » ou d’« Haitian AIDS », reprenant machinalement le discours de la Croix-Rouge canadienne.

Et pour les Haïtiens, les Jamaïcains (Trinidadiens, Barbadiens, Vincentais et autres : catégorisation ignorante) représentaient le symbole de la souffrance d’indigence intellectuelle et de raffinement.

Aujourd’hui, ces pensées négatives ont peut-être disparu, il n’en demeure pas moins que nous ne nous parlons pas. Nous ne nous réunissons que lors du défilé de la Carifiesta, sans qu’il y ait échange des mots, de connaissances et de ressources.

Comment la communauté noire peut-elle se fortifier avec une telle dichotomie ?

Je dirais même que notre communauté est fracturée par une trichotomie, car nous, les Antillais, invitons rarement nos frères et sœurs africains à se prononcer sur des enjeux qui nous occupent.

Qui sait, peut-être qu’une Sénégalaise, un Guadeloupéen ou un Djiboutien aurait pu aider les organisateurs de la Carifiesta à présenter un projet de taille à la Ville de Montréal.

Peut-être qu’une Haïtienne aurait trouvé des commanditaires et des partenaires pour la Carifiesta, à l’instar du promoteur Rickey D. (enfant chéri de la communauté noire anglo), qui trouve des salles d’événement pour ses confrères haïtiens.

Les organisateurs de la Carifête, à savoir les membres de l’Association des festivités des Caraïbes, doivent élargir leurs horizons et prendre conscience que les Haïtiens, les Guadeloupéens et les Martiniquais sont aussi des « West Indians », et qu’ils chérissent et connaissent bien le carnaval.

Nous sommes plus de 200 000 à Montréal, et, in fine, cela constitue un avantage indéniable.

Certes, nous ne parlons pas tous la même langue, mais nous partageons la même cause, soit celle de rendre la communauté noire forte et respectable.

Auteur

Gagnant du prix Rédacteur (rice) d’opinion aux Prix Médias Dynastie 2022, Walter Innocent Jr. utilise sa plume pour prendre position, dénoncer et informer. Depuis 2017, il propose aux lecteurs du magazine Selon Walter une analyse critique de l'actualité.

1 Commentaire

  1. Je crois qu’il est temps pour les communautés noires de s’organiser. C’est-à-dire de nous unir et de nous financer nous-mêmes. Pourquoi dépendre de la Ville de Montréal depuis des années ? Je pensais que nous étions supposés être autonomes. Comment se fait-il qu’après toutes ces années nous ne parvenons pas à récolter des fonds pour un défilé ?

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