Les brèves

Le « Juneteenth », jour de l’émancipation des esclaves aux États-Unis, célébré au Kamúy


Il y a 157 ans, l’esclavage prenait réellement fin aux États-Unis : le 19 juin 1865, le général de l’Union Gordon Granger lisait la proclamation de l’Émancipation à des esclaves au Texas, dernier État confédéré à avoir libéré les esclaves après la guerre de Sécession.

En réalité, deux ans et demi plus tôt, le président Abraham Lincoln avait permis aux esclaves de sortir de leur servitude, avec la Proclamation d’émancipation le 22 septembre 1862, qui est entrée en vigueur le 1er janvier 1863.

Le 18 décembre 1865, le Treizième amendement des États-Unis est ratifié, permettant l’abolition de l’esclavage dans l’ensemble du pays. Toutefois, ce n’est que le 19 juin que partout, l’esclavage prend fin.

C’est cette journée baptisée Juneteenth, une contraction de juin et 19 en anglais, qui a été commémorée sobrement au restaurant caribéen Kamúy, jeudi le 16 juin.

Il s’agissait de la célébration inaugurale de Juneteenth 2022 du Consulat général des États-Unis à Montréal, en collaboration avec le chef Paul Harry Toussaint.

Le restaurant a été fermé au public pour cette occasion, et des personnalités de la communauté noire ainsi que des gens du milieu des affaires et du milieu artistique ont bravé le temps orageux de jeudi pour prendre part à cette soirée commémorative et rencontrer l’ambassadeur des États-Unis au Canada, David L. Cohen.

Il convient également de noter la présence de membres clés de l’organisme communautaire la Maison d’Haïti.

L’ambassadeur des États-Unis au Canada David L. Cohen pendant de son discours

Dans son discours, l’ambassadeur voit la célébration de Juneteenth comme une preuve de « progrès » dans la société nord-américaine et a insisté sur le long chemin parcouru.

Avant de laisser la parole au chef haïtiano-québécois, M. Cohen a exprimé son regret de constater l’absence de BJ Dennis, chef de cuisine afro-américain, qui devait unir ses talents culinaires à ceux de Paul Harry Toussaint pour cette occasion spéciale.

Ce dernier a bien démontré qu’il n’était pas uniquement un magicien du goût, que « ses paroles sont toujours accompagnées de grâce et assaisonnées de sel ».

« La liberté n’a pas de couleur, elle est là pour tout le monde, que l’on soit blanc, noir, jaune ou autres… », a déclaré Toussaint devant un public charmé par son discours rassembleur.

Chef Paul Toussaint a également profité de l’occasion pour souligner le caractère diversifié de ses restaurants, qui harmonisent le « poulet jerk » de la Jamaïque au « griot haïtien » et à la chèvre au cari de la Trinité-et-Tobago.

Et, bien évidemment, tout au long de la soirée, des bouchées savoureuses ont été servies, et des fruits et des desserts de couleur rouge ont été mis en valeur pour rappeler le sang versé par les ancêtres.

Impressionné par les hors-d’œuvre, l’ambassadeur David L. Cohen a fait l’éloge du savoir-faire culinaire de Toussaint sur son compte Twitter.

Après le meurtre de George Floyd, qui a été filmé et diffusé dans le monde entier, de nombreuses personnes blanches ont été conscientisées sur le fait qu’elles ont des privilèges et qu’elles devaient contribuer au changement.

Cette mobilisation planétaire a incité le président Joe Biden à promulguer l’an dernier une loi faisant du 19 juin un jour férié national.

De ce fait, pour maintenir le rythme de cette mobilisation planétaire, il importe de savoir que Juneteenth n’est pas une affaire de Noirs, qui ne doit être souligné que par les Noirs.

Appelez-le « Jour du jubilé », « Jour de la liberté », « Jour de l’émancipation » ou encore « Jour de l’émancipation des Noirs ».

Mais souvenez-vous surtout de ceci : le jour du 19 juin 1865, tout comme les autres dates où des esclaves ont été libérés, concerne tous les êtres humains.


Je vous invite à participer à la conversation en laissant un commentaire un peu plus bas sur le site. Merci.


Auteur

Gagnant du prix Rédacteur (rice) d’opinion aux Prix Médias Dynastie 2022, Walter Innocent Jr. utilise sa plume pour prendre position, dénoncer et informer. Depuis 2017, il propose aux lecteurs du magazine Selon Walter une analyse critique de l'actualité.

Laisser un commentaire