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Fête du drapeau : soutenons massivement les commerces haïtiens


Je ne saurais remercier assez cette amie qui, lors d’un débat sur la situation haïtienne, a eu la hardiesse de me lancer ceci : « Bon, toi qui aimes Haïti et qui la chéris tendrement avec des mots éloquents dans tes billets, concrètement, que fais-tu pour lui démontrer ton amour à la fête du drapeau? ».

À cette question, qui, indubitablement, chatouillait mon esprit de solidarité, je n’ai pas pu répondre sur-le-champ. Le doute s’est installé. Et ce moment d’hésitation me prouvait bien que quelque chose n’allait pas chez moi, dans ma communauté.


Je dirais même qu’elle pense que « le drapeau haïtien est la marque de commerce de notre pays d’origine à travers le monde, et que les commerces de la Diaspora représentent une bonne marque pour Haïti ».



Certes, je pensais aux chants patriotiques des écoliers, aux excellents spectacles de danse et aux exécutions musicales des fanfares qui entourent la commémoration de la création du Drapeau en Haïti, mais je savais que mon amie, intello et militante, avait une vision plutôt utilitariste de la diaspora haïtienne.

Une révolution économique?

Après quelques semaines de réflexion, j’ai finalement compris que cette copine haïtiano-québécoise souhaite que des gestes concrets de solidarité financière au sein de la communauté accompagnent la « statufication » de nos héros nationaux durant le « jour du drapeau haïtien ».

Jeunes demoiselles célébrant la Fête du drapeau

Je dirais même qu’elle pense que « le drapeau haïtien est la marque de commerce de notre pays d’origine à travers le monde, et que les commerces de la Diaspora représentent une bonne marque pour Haïti ».

Avant de poursuivre, je vous propose un petit retour sur la naissance de notre oriflamme à deux tranches.

Le 18 mai 1803, lors du Congrès de l’Arcahaie, Jean-Jacques Dessalines et ses Généraux ont pris la plus importante décision de l’histoire d’Haïti. En dévoilant le drapeau du pays, ils ont juré de se défaire à tout jamais des chaînes de l’esclavage, de s’affranchir du joug français et de se donner un pays.

Ainsi donc, le 18 mai, en Haïti, marque la fête du drapeau.

Le drapeau haïtien est-il né de celui français? Le bicolore noir et rouge a-t-il été le premier choix de Dessalines?

Aujourd’hui, chers compatriotes, ces interrogations m’importent peu. Je mets temporairement de côté les controverses historiques relatives à notre drapeau national. Bien que je valorise la quête de la vérité sur les faits de notre passé glorieux, je me préoccupe tout autant, si ce n’est plus, de notre présent.

Force est de reconnaître que notre présent n’est pas trop glorieux lorsque nous constatons que nous enrichissons d’autres communautés qui ne nous montrent aucun signe de réciprocité.

L’union fait la force

Comme mentionnait un ami récemment, « nous dépensons beaucoup d’argent dans des salles de réception qui ne nous appartiennnent pas. Serions-nous des locataires à perpétuité? ».

Un traiteur haïtien à l’oeuvre

C’est un Excellent commentaire, un triste constat.

De ce fait, j’exhorte les 250 000 Québécois d’origine haïtienne à consommer haïtien, c’est-à-dire soutenir principalement les commerces haïtiens, au jour de la fête du drapeau.

J’encourage le million d’Haïtiano-Américains résidant à New York, Miami et Boston à privilégier les commerçants de lakay en cette date importante dans l’Histoire d’Haïti.

Pourquoi cette approche en apparence ethnocentrique?

Parce que d’autres groupes ethniques, qui ont acquis une certaine notoriété par leur force économique en Amérique du Nord, ont adopté ce « protectionnisme communautaire ».

Et parce qu’en réalité, l’indépendance que nous ont procurée nos ancêtres ne doit pas être limitée seulement à la libération de la domination coloniale. Il faut à tout prix la consolider par une indépendance économique.

Une forme de « dignité économique » qui nous permettrait de ne pas recourir aux aides financières des Pierre, Jean, Jacques des quatre coins du monde en cas d’inondations aux Gonaïves, au Cap-Haïtien ou à Port-au-Prince.

Faut-il également rappeler que la légende de notre bicolore, notre signe de ralliement, est « L’Union fait la force »?

Une entrepreneuse d’origine haïtienne

Haïtiennes et Haïtiens de la Diaspora, sachez qu’en vous unissant pour encourager massivement les commerçants de votre communauté, ce samedi 18 mai, vous honorerez fièrement et intelligemment votre drapeau national.

En conclusion, j’avoue que nous ne sommes pas les seuls à démontrer une certaine carence au niveau des affaires. Assurément, d’autres communautés ont ce problème.

Cependant, puisque c’est la fête de notre drapeau, disons que c’est notre tour de nous laisser parler d’amour… et de changer nos habitudes.


Pour prendre part à la conversation, laissez un commentaire au bas du texte. Merci.


Auteur

Gagnant du prix Rédacteur (rice) d’opinion aux Prix Médias Dynastie 2022, Walter Innocent Jr. utilise sa plume pour prendre position, dénoncer et informer. Depuis 2017, il propose aux lecteurs du magazine Selon Walter une analyse critique de l'actualité.

2 Commentaires

  1. Salut Walter !

    J’aime beaucoup ce que tu écris !
    « De ce fait, j’exhorte les 250 000 Québécois d’origine haïtienne à consommer haïtien, c’est-à-dire soutenir principalement les commerces haïtiens, au jour de la fête du drapeau.
    J’encourage le million d’Haïtiano-Américains résidant à New York, Miami et Boston à privilégier les commerçants de lakay en cette date importante dans l’Histoire d’Haïti. »

    Excellente réflexion !

    • Walter Innocent Jr Répondre

      Merci beaucoup pour ces beaux mots, Ed!Nous devons nous unir afin d’établir une vraie force économique dans la communauté.

      À bientôt, camarade.

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