Opinions

La jalousie et le racisme anti-Noir des policiers et de certains citoyens de Repentigny


Un appel au 911, six agents du Service de police de la Ville de Repentigny (SPVR), un couteau de cuisine et un homme noir en détresse psychologique atteint mortellement par balles. Le synopsis de ce drame d’horreur est un exemple flagrant de l’insensibilité humaine dont font preuve plusieurs policiers du Québec.

Bienvenue dans le monde raciste de Repentigny, où les grandes et belles maisons ainsi que les voitures de luxe des résidents noirs ont attisé la haine raciale.

Un monde qui préfère voir les Noirs à travers les images négatives que lui proposent les nouvelles télévisées de LCN, plutôt que de savoir qu’ils sont installés dans des demeures qui valent plusieurs centaines de milliers de dollars et qu’ils conduisent les voitures de rêve des personnes caucasiennes.

Une tragédie annoncée

Cela fait assez longtemps qu’on en parle, qu’on en débat et que des manifestations ont été organisées pour trouver une solution au problème du profilage racial et de tensions entre Noirs et Blancs résidant dans cette ville dont la population dépasse à peine 85 000 habitants.

Je pense au nombreux hommes et femmes de la communauté noire qui ont perdu leur liberté à cause des interpellations étouffantes des policiers racistes du Service de police de la Ville de Repentigny.

Hélas, il aura fallu qu’une personne noire perde la vie dans des circonstances nébuleuses pour que la problématique repentignoise soit finalement placée sous le feu des projecteurs nationaux.

Qu’il me soit permis, en guise de mise en contexte, de revenir brièvement sur les lieux du crime des agents du SPVR, ou, si vous préférez, sur cette « bavure » policière.

Dimanche 1er août, à 7h30, Marie-Mireille Bence, une femme noire résidant à Repentigny, a fait appel aux services d’urgence lorsque son fils, Jean-René Junior Olivier, en état de détresse et en possession d’un petit couteau de cuisine, a affirmé « voir des gens autour de lui, qui voulaient lui faire du mal ».

À l’arrivée des forces de l’ordre, les choses se sont aggravées : les policiers ont demandé à Mme Bence et son frère de rentrer dans leur maison. Après avoir exécuté les ordres des agents du SPVR, Mme Pence a entendu des coups de feu qui ont atteint mortellement son fils.

Selon la version de Marie-Mireille Bence, le couteau de son fils était au sol lorsqu’il a été atteint par les trois balles des policiers.

Quand les policiers font leurs propres lois

Et la version des policiers ?

Inutile d’embarquer dans le jeu de ping-pong où la Fraternité des policiers et les gouvernements se renvoient la balle, car depuis la mort d’Anthony Griffin, ce jeune Afrodescendant qui a été sauvagement tué par Allan Gosset, un agent du SPVM, en 1987, les hommes noirs tombent sous les balles de la police sans justification.

Je pense à Leslie Presley, Marcellus François, Alain Magloire, Fredy Villanueva, Bony Jean-Pierre et Sheffield Matthews.

Je pense aux nombreux hommes et femmes de la communauté noire qui ont perdu leur liberté à cause des interpellations étouffantes des policiers racistes du Service de police de la Ville de Repentigny.

Je pense à Mamadi Camara.

Mes pensées accompagnent également une amie qui a dû faire une fausse domiciliation pour inscrire son fils à une école secondaire hors du territoire repentignois.

D’après les dires de Bertha (nom fictif), qui est d’origine haïtienne, son fils devait composer régulièrement avec l’aversion xénophobe des élèves de son école et le harcèlement policier après les classes.

Quelle tristesse !

Un enfant de 13 ans va à l’école pour apprendre, découvrir des choses et se faire des amis, et non pas pour avoir des inquiétudes liées à la couleur de sa peau. Certainement pas en 2021, dans une société qui se dit libre et démocratique.

Je ne serais pas surpris d’apprendre que l’élégance et la fluidité de ce jeune hockeyeur sur les patinoires de Repentigny soient la source d’inquiétude de ces racistes qui sont rongés par la jalousie.

Vous souvenez-vous de John Scutt, cet homme afrodescendant qui a été expulsé de Repentigny à cause d’une querelle avec son voisin blanc ?

Cet homme qui a vécu sept ans à Repentigny peut se compter chanceux de ne pas avoir connu le même sort que Jean-René Junior Olivier.

Trois balles dans l’estomac.

Nous avons tous vu venir ce coup, mais nous espérions que grâce à nos démarches dénonciatrices, nos voix seraient entendues et qu’un changement de mentalité interviendrait.

À vrai dire, on s’attend à tout des policiers, que ce soient ceux de Repentigny ou de Montréal; cependant, on n’est jamais préparé à cette tragédie qui nous guette chaque fois que l’on croise ces hommes en bleu.

La mère de Jean-René Junior Olivier ne croyait pas qu’en allant chercher de l’aide pour son fils que celui-ci ferait partie des statistiques inquiétantes de ces « professionnels » dont le rôle est de maintenir la paix, l’ordre et la sécurité.

Des études réalisées par CBC démontrent que les Noirs, qui ne constituent que 3,5 % de la population canadienne, représentent 10% des personnes tuées lors d’interventions policières.

Il n’y a rien de plus frustrant pour les policiers blancs que d’interpeller un médecin ou un avocat noir au volant d’une Mercedes. Ils doivent faire face à une double réalité : les Noirs accèdent aux professions prestigieuses et à la richesse.

Les policiers noirs se méfient de leurs confrères blancs

Aujourd’hui, comme tant d’autres Noirs du Québec, Mme Bence se méfie de la police.

Ironiquement, les policiers noirs eux-mêmes se méfient de leurs confrères blancs, car ils sont souvent victimes de coups en dessous de la ceinture de la part de ces derniers.

Je vous donne deux exemples qui illustrent cette situation.

Un article paru dans le Journal de Montréal, en 2016, est très révélateur de la jalousie et de la haine des policiers et d’une bonne partie de la population repentignoise qui ne supportent pas la réussite de personnes noires : « Deux policiers de Montréal ont créé un empire immobilier de près de 25 M$ ».

Afin d’appuyer les journalistes et incriminer les deux officiers noirs visés par le reportage d’investigation, des collègues se sont prononcés sur le dossier : « comment peuvent-ils être policiers et en même temps des big shots de l’immobilier ? Selon moi, tu ne peux pas faire les deux ».

Or, selon les dirigeants du SPVM, les policiers et hommes d’affaires d’origine haïtienne ont agi en conformité des règles.

En 2017, Patrice Vilceus, un commandant noir du SPVM, a été relevé temporairement de ses fonctions à la suite d’astuces machiavéliques de ses collègues blancs.

Jalousie, quand tu nous tiens !

Pour ces passionnés de profilage racial, un Noir ne devrait pas être commandant de la police, chef de pupitre à la télé, président d’entreprise et encore moins prospérer.

Il n’y a rien de plus frustrant pour les policiers blancs que d’interpeller un médecin ou un avocat noir au volant d’une Mercedes. Ils doivent faire face à une double réalité : les Noirs accèdent aux professions prestigieuses et à la richesse.

Parlez-en à l’avocat Kwadwo Damoa Yeboah, qui poursuit six agents du SPVM ainsi que la Ville de Montréal pour profilage racial.

Chers compatriotes, nous avons tous un rôle à jouer dans la Communauté pour qu’elle se tienne debout face au vent de racisme anti-Noir qui souffle sur Repentigny et sur bien d’autres villes du Québec.

Que vous exerciez la profession d’enseignant, d’infirmier, d’ingénieur ou de comptable, l’impact des trois balles qui ont atteint Jean-René Junior Olivier doit résonner dans votre coeur.

Que vous soyez de Laval, de la Rive-Sud, de Saint-Michel ou de Montréal-Nord, le problème des Noirs vivant à Repentigny est le vôtre.

On dit souvent que la jalousie d’autrui a cet avantage parfois de nous faire découvrir notre propre bonheur.

De ce fait, les Noirs qui ont découvert le bonheur dans leur belle demeure de Repentigny sont là pour de bon, n’en déplaise à la mairesse, aux policiers et à la population blanche.


Je vous invite à participer à la conversation en laissant un commentaire un peu plus bas sur le site. Merci.


Auteur

Gagnant du prix Rédacteur (rice) d’opinion aux Prix Médias Dynastie 2022, Walter Innocent Jr. utilise sa plume pour prendre position, dénoncer et informer. Depuis 2017, il propose aux lecteurs du magazine Selon Walter une analyse critique de l'actualité.

17 Commentaires

  1. Francky Amousse Répondre

    Bon travail mes frères
    C’est le temps de mettre nos pieds à terre
    Et dire , c’est assez .

  2. François Ducas Répondre

    Un très bel article qui décrit la réalité des Noirs qui doivent tous les jours faire face à l’adversité et surtout le racisme des blancs.

    • Walter Innocent Jr Répondre

      François Ducas, merci pour les bons mots ainsi que pour votre participation à la conversation. Pour moi, vous êtes un héros, celui qui s’est battu pour prouver que le profilage racial est bel et bien présent à Repentigny. La communauté vous est reconnaissant.

      À bientôt, cher ami.

  3. Très bien dit malgré cette injustice que doive vivre les Noirs malheureusement… Il est temps de se mettre ensemble pour changer les choses .
    Bravo pour votre article
    A partager!

    • Walter Innocent Jr Répondre

      Nadine Lem, merci beaucoup pour les bons mots. Et, oui, comme vous le dites, nous devons nous unir afin que les choses changent. L’union fait la force, dit-on.

      À bientôt.

  4. Merci pour ce combat qui nous concerne tous et ne baissons pas les bras…et éduquons d’avantage nos enfants vers la réussite battons nous pour eux et soyons là pour les accompagner….je suis optimiste on va s’en sortir et les jaloux vont maigrir

    • Walter Innocent Jr Répondre

      Fatou Camara, merci à vous pour votre participation à ce débat si important. Comme vous le dites, nous nous battons pour la prochaine génération, et, tout comme vous, je suis optimiste.

      À bientôt.

      • Roseline Alexidor Répondre

        Quand on a fini de parler, il faut agir MAINTENANT ET CONTINUELLEMENT.
        Je suis fatiguée de nos belles paroles. Il est temps qu’un vrai leader se lève, à la manière de Martin Luther, sans jamais baisser les bras; jusqu’à ce qu’on arrive à un bon résultat. Par exemple, planifier à long terme des manifestations avec 10 ou 10.000 personnes, pas grave…l’essentiel, on a un combat à gagner, il faut continuer. Agissons pour laisser un avenir à nos enfants.
        Nous sommes stagnants depuis des décennies. Peut-on agir maintenant ? J’ai un ardent désir pour que les noirs du québec laissent leurs noms dans L’HISTOIRE DE LA BATAILLE CONTRE LE RACISME.
        Merci pour votre travail frère.

  5. Très belle article soit dit en passant. Il faut un éveil majoritaire de la population Noires. Il faut arrêter de se mettre la tête dans le sable et manifester. En étant toujours passifs Il n’y aura aucun changement. Mettons notre ensemble et agissons pour l avenir de nos enfants.

    • Walter Innocent Jr Répondre

      Siami, je ne peux rien ajouter à votre commentaire. Vous avez tout dit. Vraiment.
      Merci pour ces mots précieux et à bientôt.

  6. Merci d’être un porteur de voix dans ce combat nous concerne tous.

    Il est temps que le racisme systémique québécois sois dénoncé

    • Walter Innocent Jr Répondre

      Lucie, merci beauccoup pour les bons mots. Et, comme vous le dites, nous devons dénoncer contiuellement le racisme systémique pour que le premier ministre de la province le reconnaisse.

      Merci pour votre temps. À bientôt.

  7. Bonjour Walter. Félicitations pour ton texte, qui met en évidence plusieurs aspects du climat malsain généré par la majorité québécoise. Cette Xe bavure policière est à faire crier de rage. Mes sincères condoléances à la famille et tout particulièrement à la mère.

    Comme toujours les médias Québécor font tout pour déresponsabiliser les policiers, les autorités et leur clientèle, qu’on sait nombreuse dans les régions du Québec. La chronique de Réjean Parent était particulièrement révoltante. Il ne devrait avoir aucun rapport entre cette bavure et les nombreuses fusillades récentes, mais il est certain que la majorité de la population, toujours encline à prendre partie pour les policiers, le sera encore plus.

    L’enquête à huis-clos du BEI est une insulte aux citoyens alarmés par cette tragédie. Il ne faut pas trop espérer de ce coté. Entre temps, il faut pousser le plus fort possible pour que les interrogations futures du BEI se fassent à découvert. Et surtout, que tous les agents et autos de police soient équipés de caméras en fonction continue. Le PM Legault est bien silencieux à ce sujet.

    • Walter Innocent Jr Répondre

      Bonjour Luc. Merci beaucoup pour ce commentaire très pertinent. Ah, si seulement tu étais politicien, la Belle Province serait beaucoup plus jolie.
      En passant, vois-tu ce qui se passe en Haïti ?

      À bientôt, cher ami.

  8. ARLETTE-MICHELLE Répondre

    Merci beaucoup de prendre le temps de rédiger cet article.
    Nous sommes tous interpellés et concernés par ce problème. Mais à L’Eternel la terre et tous ce qu’elle renferme. Je veux dire que nous avons le droit de posséder cette terre et de prospérer ici sans mesures. C’est très horrible ce genre d’histoires et nous espérons qu’il y a des gens réfléchis dans ce pays, qui vont pencher sérieusement sur la question afin de stopper ces absurdités.

    • Walter Innocent Jr Répondre

      C’est moi qui vous remercie pour ces belles paroles, Arlette-Michelle. Et oui, je suis certain qu’il y a des gens sensés dans ce pays, qui se réveilleront.
      À bientôt !

  9. Il est temps d »utiliser les outils légaux pour casser leur impertinence une fois pour toute. On doit les poursuivre à la cour suprême pour atteinte à la dignité de la population. Oui la population, et pas la population noire, car il doivent comprendre qu’on fait partie intégrale de celle-ci et qu’on n’est pas un groupe à part.

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