Opinions

La violence par armes à feu touche durement la communauté noire de Montréal


Lorsque la vie suit son cycle naturel, ce sont les parents qui meurent avant leurs enfants. Mais quand ce cours normal de l’existence est perturbé par la violence armée, il y a lieu de se poser des questions sur le contrôle des armes à feu, mais aussi sur le rôle que chacun peut jouer pour trouver des réponses et solutions face à ce phénomène.

Combien d’autres mères de la communauté noire devront pleurer la mort de leurs enfants pour qu’on élève notre voix contre cette violence aveugle qui touche des citoyens innocents ?

Combien de jeunes d’origine haïtienne, jamaïcaine ou mauricienne devraient perdre un ami ou une connaissance en raison d’homicides commis avec une arme à feu pour qu’on cesse de faire semblant de ne rien voir et d’ignorer que la violence armée touche profondément la communauté noire de Montréal ?

L’événement tragique qui s’est déroulé dans la cour de l’école Lester B. Pearson, dans l’arrondissement de Montréal-Nord, mercredi, symbolise l’irruption de la violence dans la communauté noire.

La tristesse d’une communauté

Mercredi, vers 22 h 30, un individu cagoulé s’est approché de deux amis qui discutaient dans la cour d’école, il a sorti son arme et a fait feu.

Cet acte de violence a coûté la vie à Jayson Colin, le fils d’une militante très connue à Montréal-Nord, et a fait un blessé.

Paix à son âme, et mes pensées accompagnent sa famille.

De l’avis général, Jayson Colin était un jeune homme sans histoire, qui se vouait au bien-être des citoyennes et citoyens de Montréal-Nord. Il est parti trop tôt, mais son œuvre aura toujours sa place dans le cœur des Nord-Montréalais.

Le 19e homicide depuis le début de l’année. Une statistique sombre qui doit être prise au sérieux par la mairesse Valérie Plante ainsi que par les Montréalaises et les Montralais.

L’an dernier, sans jeu de mots, nous avons connu un été très chaud en ce qui concerne les fusillades, et en 2022, cette tendance se poursuit, et la situation s’aggrave.

De nombreuses personnes m’ont avoué qu’elles préfèrent que leurs adolescents passent des heures et des heures à jouer à la PS4 plutôt que de les voir se promener dans les rues de leur quartier et être exposé de se retrouver dans une situation dangereuse.

Peut-on les blâmer ?

Dans cette vague de violence sans précédent, personne n’est à l’abri d’une balle perdue ou d’un tireur inapte mentalement : la série d’homicides où trois personnes ont été tuées en 24 heures en est l’exemple le plus probant.

Pourquoi Montréal est-il devenu si violent, si insécuritaire ?

Qu’est-ce qui ne va pas ?

La société est malade de sa violence : les obus russes emportent des vies en Ukraine, les tueries de masse se multiplient aux États-Unis et les gangs de rue font la loi à Martissant.

C’est un constat alarmant et un problème de « santé publique » mondiale.

Toutefois, si nous ne pouvons pas contrôler la violence de l’Europe de l’Est et d’ailleurs, nous pouvons et nous devons faire le ménage dans notre cour, à savoir protéger nos jeunes contre la violence.

Et, Gens de la Communauté, pour mieux protéger nos enfants, il importe de reconnaître qu’il existe dans nos quartiers une violence liée aux armes à feu et aux gangs. Une violence qui est caractérisée par une forme d’« afro-américanisation ».

Je doute fort que les communautés noires supportent le poids de la violence de manière disproportionnée à l’échelle provinciale ou même nationale. Cependant, chaque victime de fusillades à Montréal-Nord, à Rivière-des-Prairies ou à Saint-Michel est une victime de trop.

Oui, notre société est bel et bien malade, et nous devons aller à la source du problème en vue de traiter les symptômes.

S’agit-il de signaux de détresse d’adolescents vivant dans un foyer monoparental, qui ne bénéficient pas de relations affectives suffisantes ?

Doit-on imputer ces fusillades aux nombreuses armes à feu en circulation ?

Et quel rôle la santé mentale joue-t-elle chez ces jeunes qui tiennent leur arme avec une insouciance totale, prêts à tuer ?

Pour le moment, il est difficile de répondre à ces questions, car il faut remonter aussi loin qu’au début des années 1980 pour comprendre le phénomène des gangs de rue.

Cependant, on peut affirmer avec certitude qu’aucune personne ne devrait craindre de se retrouver dans une cour d’école le soir, et que la mort de Jayson Colin fait très mal à la communauté noire.


Je vous invite à participer à la conversation en laissant un commentaire un peu plus bas sur le site. Merci.


Auteur

Gagnant du prix Rédacteur (rice) d’opinion aux Prix Médias Dynastie 2022, Walter Innocent Jr. utilise sa plume pour prendre position, dénoncer et informer. Depuis 2017, il propose aux lecteurs du magazine Selon Walter une analyse critique de l'actualité.

3 Commentaires

  1. En effet, jusqu’au meurtre de Jayson Colin, j’encourageais mes enfants à aller jouer à l’extérieur afin qu’ils puissent faire du vélo, aller jouer et se baigner parc.
    Malheureusement, j’admets que mon sentiment d’insécurité s’est accru.

  2. Selon ce que j’ai lu dernièrement, Jayson Colin était un gars très bien. Quelle tristesse pour sa famille et ceux qui l’ont connus ainsi que pour toute la population en général.

    Merci Walter pour essayer de trouver des solutions à des problèmes fort complexes à résoudre.

    • Walter Innocent Jr. Répondre

      Merci à toi, Luc. En effet, Jayson Colin était une personne aimable, de l’avis de tous. Une grosse perte pour la société.

      À bientôt, cher ami.

Laisser un commentaire