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L’affaire Camara : un racisme décomplexé et non exceptionnel du SPVM

Si vous aviez besoin de preuves pour voir à quel point le racisme systémique et son cousin le profilage racial minent la qualité de vie des membres de la communauté noire, ne cherchez pas plus loin que l’affaire Camara, cet universitaire qui a été accusé à tort par les « macouts » du SPVM, qui ne cessent d’exercer leur autoritarisme sur les Noirs de Montréal.

Filles et fils de Dessalines, de Lumumba, de Sankara, de Nkrumah, de Garvey et d’autres grands héros du monde noir qui vivez à Montréal, nul besoin de vous rappeler que la résignation et la soumission n’ont jamais pu se faufiler dans notre vocabulaire.

L’union fait la force

Nous sommes plus de 200 000 à mener des combats individuels contre le racisme et l’inégalité. Bien que nous soyons séparés par des frontières linguistiques et culturelles, il n’en demeure pas moins que nous partageons le même objectif, soit le respect.

De ce fait, l’abus policier impliquant l’un de nos frères devrait nous faire comprendre qu’il est grand temps que nous nous unissions en vue de bâtir notre Citadelle Laferrière dans la métropole.

C’est-à-dire une communauté forte, capable de se défendre contre les ravages que provoquent les effets du racisme systémique.

Une histoire nébuleuse qu’ont également connue Anthony Griffin, Marcellus François et Bony Jean-Pierre, des hommes noirs qui ont été tués systématiquement par la police en raison de la couleur de leur peau.

Mamadi III Fara Camara, le jeune doctorant accusé à tort par les policiers du SPVM

Une communauté sans apitoiement et sans crainte, qui saura obtenir justice et réparation pour le compte de tous les Camara de Montréal-Nord, de Saint-Michel et de Repentigny.

Enfin, une forteresse qui jouirait d’une aisance financière et d’une bonne dose d’estime de soi afin d’assurer un lendemain enchanteur aux plus jeunes.

Que vous soyez Jamaïcain, Haïtien, Somalien ou Congolais, le problème de Mamadi Camara est le vôtre.

Que vous exerciez la profession d’ingénieur, de comptable ou d’enseignant, vous risquez un jour de vivre la semaine infernale de notre frère Camara.

Gens de la Communauté, le coup est dur. Le comportement désinvolte du Service de police de la Ville de Montréal ne pouvait pas tomber à pire moment.

L’histoire se répète

Alors que nous préparons les célébrations et les activités qui souligneront le Mois de l’histoire des Noirs, le SPVM nous embarque dans une histoire « complexe » où le racisme est entremêlé avec le mensonge et une vidéo.

Une histoire nébuleuse qu’ont également connue Anthony Griffin, Marcellus François et Bony Jean-Pierre, des hommes noirs qui ont été tués systématiquement par la police en raison de la couleur de leur peau.

Bon, pour ne pas complexifier l’analyse de l’esprit napoléonien du SPVM, permettez-moi de sortir des chiffres qui tâcheront de mettre à nu sa relation incestueuse avec le Comité de déontologie policière.

En effet, ce corps policier, qui se base de façon erronée sur le concept selon lequel « Qui se ressemble s’assemble » perçoit tous les hommes noirs comme des suspects potentiels lorsqu’ils sont au volant de leur voiture.

Selon des données compilées par le journal Le Devoir, entre 2014 et 2018, sur les 428 plaintes pour profilage racial acceptées par le Commissaire à la déontologie policière, seulement 13 ont mené à une décision formelle de la part du Comité de déontologie policière.

Or, en 2021, rien n’a changé.

Rien ne semble pouvoir ralentir la cadence raciste de ces hommes et femmes en bleu à l’égard de la communauté noire, pas même les beaux discours de la mairesse Valérie Plante, qui a flirté avec le mouvement Black Lives Matter l’été dernier.

De toute évidence, les paroles émancipatrices de la mairesse se sont perdues dans l’obscurité profonde du SPVM.

En effet, ce corps policier, qui se base de façon erronée sur le concept selon lequel « Qui se ressemble s’assemble » perçoit tous les hommes noirs comme des suspects potentiels lorsqu’ils sont au volant de leur voiture.

À vrai dire, depuis que Christophe Colomb, cet imposteur qui n’a découvert que son nombril, a mis les pieds dans les Amériques, le quotidien de tous ceux qui ne sont pas blancs sur ce territoire est continuellement bouleversé par des iniquités historiques, sociales et raciales.

Ces injustices, qui ont le plus souvent été marquées par la dépossession de terres, l’oppression et le larbinisme à l’époque de l’explorateur voyou, se manifestent aujourd’hui sous une forme nouvelle : au lieu de faire respecter la loi, les policiers des grandes villes nord-américaines contrôlent les hommes noirs, les humilient et les déshumanisent.

La récurrence du profilage racial

Et chez nous, si nous jetons un regard rétrospectif sur la récurrence des injustices raciales perpétrées par les forces de l’ordre au cours des dernières années, ou même des dernières semaines, nous constaterons que le profilage racial connaîtra encore de beaux jours dans la Belle Province.

De l’interpellation de l’avocat afro-montréalais Kwadwo D. Yeboah à l’arrestation du jeune passager noir d’un autobus de la Société de transport de Laval, en passant par le fameux cas du manteau rouge de marque North Face, le profilage racial règne dans les rues de Montréal et ses banlieues.

Pour revenir à l’incident du 28 janvier, où Mamadi III Fara Camara a été accusé de tentative de meurtre envers un agent de police et de voies de fait causant des lésions, nous devons nous poser les questions suivantes :

Le chef du SPVM, Sylvain Caron, qui hésite à faire des excuses publiques au jeune doctorant et à la communauté noire, serait-il prêt à poser un geste symbolique en passant six jours dans l’une des prisons du Québec pour mieux comprendre la peine de M. Camara ?

Dans des cas de profilage racial, d’injustices raciales « d’une complexité exceptionnelle », les personnes noires ne devraient-elles pas choisir des avocats de leur communauté ?

Je pose cette question car Me Materne, l’avocat qui représente Camara, ne semble pas s’être affranchi du déni qui frappe la majorité des gens privilégiés de la société occidentale. En d’autres termes, disons qu’il n’a jamais connu le profilage racial et le racisme systémique, ce qui peut nuire à sa vision et sa compréhension des problèmes de son client.

Voilà pourquoi nous devons nous unir et nous diriger vers la voie de l’autonomisme !

C’est une initiative qui nous permettrait de mieux protéger nos jeunes enfants : à la CDPDJ (Comission des droits de la personne et des droits de la jeunesse), parmi les 149 plaintes de profilage racial reçues au cours des cinq dernières années, seulement sept dossiers ont été présentés devant le Tribunal des droits de la personne et il n’y a eu qu’une plainte qui a mené à la condamnation d’un policier.

Cependant, au-delà de ces chiffres révélateurs, les chiffres à retenir sont 514-794-5917, le numéro de téléphone de la Clinique juridique de Saint-Michel, dirigée par Me Fernando Belton, un jeune avocat d’origine haïtienne, qui prend à coeur les dossiers de profilage racial grâce à vos dons.

Certes, nous pouvons exprimer notre ras-le-bol sur les réseaux sociaux, mais nous devons agir, car le moment est venu pour nous de passer de communauté opprimée et réduite au silence à communauté forte et redoutable.


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Auteur

Gagnant du prix Rédacteur (rice) d’opinion aux Prix Médias Dynastie 2022, Walter Innocent Jr. utilise sa plume pour prendre position, dénoncer et informer. Depuis 2017, il propose aux lecteurs du magazine Selon Walter une analyse critique de l'actualité.

9 Commentaires

  1. Bonsoir Walter,

    Oui il est grand temps que nous arrêtons de penser que ça ne concerne que les autres. Il est temps de créer nos propres institutions et arrêter de penser qu’un sauveur va venir nous retirer de notre misère. Sauvons-nous nous-mêmes. Arrêtons de nous fier sur les alliés blancs. Les églises ont démontrés qu’elles ne sont pas pour la communauté mais plutôt pour leur intérêts personnels. Tout cet argent amassés chaque dimanche ne pourrait pas plutôt servir à des causes comme celle-ci? Il est temps de nous unir et arreter de crier au ciel dans l’attente d’un sauveur. Nous avons tous les moyens pour nous en sortir… ensemble!!

    • Walter Innocent Jr Répondre

      Excellent commentaire, Tia ! Vraiment. Vous avez touché à un point très sensible en ce qui concerne notre attachement à l’Église. Mais nous devons nous dire la vérité, comme vous le faites, pour avancer.

      Merci pour votre visite ! À bientôt.

  2. Bonjour Walter. Merci pour ton texte dénonçant le profilage dont a été victime M. Camara, son épouse et leur famille. Merci aussi d’énumérer trois exemples récents, que personnellement je ne connaissais pas. Je n’ai pas pu retracer celui à Laval.

    L’interpellation pour le manteau North Face, s’il elle n’était pas aussi choquante, serait à mourir de rire tellement c’est ridicule. Cela s’est passé UN MOIS après le vol d’un manteau d’une marque très populaire, c’est totalement absurde et évidemment découle d’un profilage.

    L’incident concernant l’avocat relève de toutes évidences d’un profilage révoltant. J’ai confiance que la victime saura se faire dédommager. Curieusement, je n’ai pas trouvé de traces de l’incident dans La Presse, le JdeM ou la The Gazette. J’ai vu un article sur un site consacré au droit. Il y avait des commentaires, qui, pour beaucoup, ressemblaient à de nombreux commentaires lus sur le JdeM concernant l’affaire Camara. En gros, le déni du profilage est très courant et est causé soit par de la pure bêtise, soit par de la mauvaise foi crasse, soit par une auto-perception angélique des Québécois francophones de souche.

    Je te trouve un peu sévère envers l’avocat de Camara, Me Materne. Il n’a que peu d’expérience, mais je crois qui lui et tout le cabinet Riendeau ont fait du bon travail. Au tout début, peut-être que le Cabinet croyait que c’était une cause perdue d’avance et ils ont assigné une jeune avocat. Apparemment, ce dernier s’est rapidement aperçu que quelque chose clochait, ne serait-ce que par le passé, le statut, la personnalité et l’attitude de M. Camara, puis tout le cabinet s’est mis à la tâche.

    Me Materne s’en est pris à l’attitude des médias pour avoir diffusé de fausses informations. J’ai vu un reportage de TVA datant de,lundi dernier, dans lequel le journaliste se moquait de M. Camara parce que celui-ci, par comparution téléphonique, s’était inquiété de ne pouvoir donner son cours le mercredi suivant. En général, les journalistes Québécor et un peu moins les autres médias ont pris grand soin de ne pas blâmer directement le SVPM.

    Je reviens sur l’origine ethnique des policiers patrouilleurs. Au centre-ville, ils sont presque à 100% jeunes (moins de 35 ans), blanc(he)s et francophones. Ils sont probablement qualifiés, mais ce n’est tout de même pas normal. J’imagine qu’il doit exister une forme d’Omerta faisant que ceux qui ne sentent pas à l’aise avec le profilage craignent de le dire ouvertement.

    Pour terminer, Yves Francoeur, président du syndicat des policiers, n’est rien de moins qu’un TDC.

    • Walter Innocent Jr Répondre

      Luc, en effet, j’ai peut-être été sévère à l’endroit de Me Materne. Je viens d’apprendre qu’il est âgé de de 29 ans. C’est relativement jeune. Quand tu dis que les policiers patrouilleurs du centre-ville sont âgés de moins de 35 ans en moyenne, tu as raison, et j’ajouterais que la plupart d’entre eux viennent viennent des régions. Ils ne sont pas habitués à la diversité montréalaise, ce qui, de toute évidence, cause problème.

      Merci pour ces commentaires pertinents, Luc, et je dois te dire qu’il y a un grand écart entre toi et les autres privilégiés du Québec. Tu as eu cette curiosité intellectuelle et culturelle qui te permet aujourd’hui d’être sensible aux problèmes des autres.

  3. Rebonjour Walter. Deux chroniques ce samedi matin, l’une déplorable, l’autre excellente.

    Je commence par le lamentable torchon de Martineau au JdeM. Il fait comme tous les démagogues, à savoir ne jamais rien admettre et contre-attaquer immédiatement, même injustement s’il le faut. Sa cible est la mairesse Valérie Plante.

    L’autre chronique est celle de Yves Boisvert de La Presse. Il tire à boulets rouges sur Yves Francoeur. De plus, Boisvert demande à tous ceux se scandalisant que la question du profilage soit soulevée de se calmer les nerfs, car elle est tout à fait légitime.

    • Walter Innocent Jr Répondre

      Salut Luc ! Je me souviens que toi et moi parlions souvent de Yves Boisvert, tellement que nous aimions ces tetxes. C’est même toi qui m’avais appris que son père était juge.

      En effet, Martineau ne changera pas. Lui, sa femme, Durocher, et Bock-Côté forment un « beau » trio. Ils sont toujours de l’autre bord. Il me semble qu’au moins une fois, il pourrait être en accord avec les communautés racisées, non ?

      À bientôt, mon cher.

  4. Jeannot Bazile Répondre

    Félicitations mon jeune Frère:
    J’aime beaucoup ton coup de plume, je vois en toi : style de Charlemagne Peralte et de Toussaint: les hommes en qui : quand ils parlaient même les cieux s’ouvraient … Celeste,terrestre et même les infernaux pour les écouteraient.
    Du courage mon jeune je te place entre l’Equerre et le compas , justice et droiture.
    Continue ton oeuvre .
    Coup de chapeau.

    • Walter Innocent Jr Répondre

      Charlemagne Peralte et Toussaint Louverture ? Oh là là ! Ce sont de grands souliers à chausser, frère. Mais j’accepte humblement tes compliments. Merci beaucoup pour ces bons mots. Tu es trop gentil.

      À bientôt.

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