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Le mot en N au Québec : quand le racisme se dévoile dans une épicerie Super C


Deux semaines après l’affaire Guillaume Lemay-Thivierge, qui a montré ses couleurs en faisant une blague à connotation raciste, un responsable d’une épicerie Super C a démontré que les racistes ne vont pas uniquement dans le bois pour laisser vaguer leur imagination raciste, qu’ils le font également sur leur lieu de travail.

Et c’est là que le racisme devient structurel et dangereux.

Nègre, nigger, nigga et negro. Beaucoup d’entre nous ont cru que ces termes, qui ont une signification très blessante pour les personnes noires, étaient fugaces, périmés.

Erreur.

Depuis quelque temps, on constate que cette forme de déshumanisation n’a jamais vraiment cessé d’opérer.

Le racisme. Au Québec, on se réfugie dans le déni et on tombe dans un réel psittacisme, un flatus vocis, en répétant encore et encore le même poncif : « Ici, ce n’est pas comme aux États-Unis ».

En effet, une bonne partie de la population québécoise ne veut pas entendre que le racisme existe et fait des ravages sur leur territoire.

Or, la vidéo qui circule sur les réseaux sociaux depuis vendredi, dans laquelle on voit un responsable d’un Super C prononcer à plusieurs reprises le mot n*gro, est la preuve que le racisme s’impose sans complexe dans la Belle Province.

« je vais le redire 50 000 fois, décâlissé, t’es chez nous, man ! Envoye , negro », a lancé l’employé , lors de son délire raciste et xénophobe.

Je serais curieux de savoir comment ce supervieur se comporte avec ses employés noirs.

Ce qu’il y a de plus choquant dans tout cela, c’est qu’un bon nombre de gens ne se sont pas gênés pour le défendre sur les réseaux sociaux.

« Il s’est passé quoi avant ? », s’est interrogée une personne blanche sur le compte TikTok de Kevin Calixte, qui, une fois de plus, a été le premier à tirer le signal d’alarme.

Tout comme vous, je ne connais pas toute l’histoire, mais je sais que, quelles que soient les circonstances, le mot en N doit être évité.

De plus, en répétant incessamment le mot n*gro à son interlocuteur, cet homme sans scrupule, sans honte, a insulté la communauté noire dans son ensemble, et la direction de la chaîne Sper C devra donner des explications claires sur ce dossier.

Mais quelle est cette obsession de l’homme blanc de vouloir prononcer à tout prix le mot en N ?

Certains diront que la notion du fruit interdit explique en partie l’intérêt que portent plusieurs personnes blanches au mot en N.

Peut-être, mais c’est beaucoup plus que cela.

C’est une question de paternalisme et de messianisme, c’est-à-dire celui ou celle qui a tendance à imposer un contrôle, une domination, sous couvert de protection.

Par exemple, aussi absurde soit-il, il arrive souvent qu’une personne blanche décide à la place d’une personne noire de la véracité d’un acte raciste.

Quelle hardiesse !

Heureusement que la jeunesse noire veille à ne pas tomber dans ce piège paternaliste et n’attend pas l’approbation qui que ce soit pour agir contre le racisme anti-noir.

De ce fait, je profite de l’occasion pour saluer le travail de Zero Tolerance et Racisme systémique/Témoignages à travers le temps, deux groupes qui luttent contre le racisme et l’injustice sociale.

Car, pour paraphraser Albert Ensitein, lutter pour l’égalité raciale est la chose la plus précieuse à faire.


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Auteur

Gagnant du prix Rédacteur (rice) d’opinion aux Prix Médias Dynastie 2022, Walter Innocent Jr. utilise sa plume pour prendre position, dénoncer et informer. Depuis 2017, il propose aux lecteurs du magazine Selon Walter une analyse critique de l'actualité.

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