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Les athlètes noirs seraient-ils les dieux du stade ?


Sans aucun doute, le titre de cet article contient tous les éléments (« race », génétique et sport) pour rendre ce sujet tabou, controversé et prohibé dans notre société ; cependant, la question mérite d’être posée : les Noirs sont-ils les dieux du stade ? Autrement dit, les athlètes de descendance africaine dominent-ils le sport ?

Cela fait depuis longtemps que je résiste à la tentation d’aborder ce sujet, de peur de féconder un procès dans lequel l’intelligence des Noirs serait mise en cause, c’est-à-dire nourrir le vieux mythe selon lequel « ceux qui courent vite ne sont pas intelligents ».

Or, aujourd’hui, de manière paradoxale, ces médisants encouragent les jeunes à faire du sport, car des études ont prouvé qu’une telle activité contribue à améliorer leurs capacités intellectuelles.

J’ajouterais même que les 1,283 buts (en comptabilisant les matchs non officiels) inscrits par Pelé dans sa carrière sont l’œuvre de l’intelligence, point barre.

Cela dit, comment Serena Williams et Tiger Woods, des Afro-Américains, ont-ils pu dominer respectivement le tennis et le golf, des sports blancs, plus blancs que la neige de la Gaspésie ?

Leurs performances extraordinaires sont-elles dues à une supériorité athlétique, ou simplement à une détermination provoquée par des facteurs socioculturels ?

Si vous avez répondu Michael Schumacher ou Ayrton Senna, vous êtes loin de la réalité, mais cette ignorance est justifiable, car même Nostradamus ne pouvait prédire qu’un jour un Noir deviendrait le plus grand pilote de la Formule 1.

Lewis Hamilton, le plus grand de tous les temps

Je n’ai pas pu m’empêcher de réfléchir à ces punctus interrogativus en regardant l’Afro-Britannique Lewis Hamilton se battre seul contre le monde de la Formule 1 à Abu Dhabi, au dernier Grand Prix de la saison 2021 le dimanche 12 décembre.

L’enjeu était grand et un bon nombre de personnes noires se sont installées devant leur poste de télévision pour ne pas manquer ce rendez-vous historique.

Une victoire contre le Néerlandais Max Verstappen lui aurait permis d’éclipser la marque de sept titres mondiaux qu’il partage avec l’Allemand Michael Schumacher, mais les « parrains » de la Fédération internationale de l’automobile (FIA) avaient leur mot à dire sur ce moment historique qui a été teinté de controverse.

Afin d’assouvir la soif des rigoristes de la course automobile, qu’il me soit permis d’inclure quelques chiffres à ces écrits en vous proposant un petit quiz :

Quel est le pilote de la formule 1 à avoir été le seul à avoir atteint le plateau des cent victoires ?

Si vous avez répondu Michael Schumacher ou Ayrton Senna, vous êtes loin de la réalité, mais cette ignorance est justifiable, car même Nostradamus ne pouvait prédire qu’un jour un Noir deviendrait le plus grand pilote de la Formule 1.

103 victoires. C’est un chiffre qui dépasse l’entendement, dans un milieu occupé par des Blancs conservateurs.

182 podiums. C’est peut-être un record qui ne sera jamais battu.

103 pole position pour Lewis Hamilton. Un record inimaginable, sachant que Michael Schumacher, le deuxième, n’en a obtenu que 68.

Enfin, ce qui est arrivé à l’Afro-Britannique dimanche dernier est injuste, mais je laisse le soin aux experts de la course automobile de discuter des irrégularités constatées lors de cette course.

N’en déplaise à ceux qui veulent lui mettre des bâtons dans les roues, à 36 ans d’âge, Hamilton a la possibilité d’obtenir un 8e sacre avant qu’il se retire de la Formule 1.

Les dieux du stade

Au moment d’écrire ces lignes, Kevin Durant, le meilleur joueur de basket-ball au monde, vient de connaître une soirée de 51 points pour les Nets de Brooklyn, et les amateurs de la NBA attendent impatiemment que Stephen Curry, le garde des Warriors de Golden State, batte le record de paniers à 3 points (2,973) inscrits en carrière par Ray Allen.

Les exploits « beamonesques » d’Usain Bolt (9 s 58 au 100m et 19 s 19 au 200m) sont très révélateurs du monopole de médailles d’or que détiennent les Afrodescendants en athlétisme.

Mis à part leur génie, qu’est-ce que ces trois athlètes ont en commun ?

Ils sont Noirs et ils font partie de la liste des 75 joueurs qui ont dominé la NBA. Dans cette sélection représentant la crème de la crème, il convient de souligner la présence de Michael Jordan, du regretté Kobe Bryant, de Magic Johnson, de Lebron James et de Julius Erving, des idoles de l’Amérique noire.

En fait, la « supériorité » des Noirs américains, qui ne représentent que 13% de la population états-unienne, s’étend jusqu’au football, au baseball et à la boxe, des sports très appréciés par l’Oncle Sam.

On n’a qu’à penser à Muhammad Ali et Floyd Mayweather Jr à la boxe, à Jerry Rice et Jim Brown au football, à Willie Mays et à Barry Bonds, qui détient le record du plus grand nombre de coups de circuit en carrière dans la Ligue majeure de baseball avec 762.

Quittons les terrains de ces sports américains pour aller dans les stades des Jeux Olympiques.

De Bob Beamon à Usain Bolt, les athlètes noirs font tomber les records

Je ne sais pas pour vous, mais pour ma part, la première chose qui me vient à l’esprit quand je pense à cet événement sportif (JO) est l’exploit de l’athlète afro-américain Jesse Owens aux Jeux de Berlin en 1936.

Les quatre médailles d’or remportées par Jesse Owens me rappellent certes le parcours magnifique de Carl Lewis aux Jeux de Los Angeles en 1984, toutefois nous devons reconnaître les conditions difficiles avec lesquelles l’athlète de l’Alabama a dû composer.

Owens a remis les pendules hitlériennes à l’heure en ce qui concerne l’idéologie raciale du Fürer.

Dire qu’il faut remonter à 1980 aux Jeux de Moscou, boycottés par les Américains et d’autres nations, pour retrouver un champion olympique blanc sur 100m.

Les exploits « beamonesques » d’Usain Bolt (9 s 58 au 100m et 19 s 19 au 200m) sont très révélateurs du monopole de médailles d’or que détiennent les Afrodescendants en athlétisme.

Ah, j’allais oublier Florence Grifth-Joyner, qui a réécrit le livre du sprint féminin avec des marques inatteignables au 100m et 200m aux J.O. de Séoul 1988, et les nombreuses médailles d’or de Simone Biles.

N

Et le record du Cubain noir, Javier Sotomayor, qui a franchi la barre de 2,45 m au saut en hauteur le 27 juillet 1993, lors d’une compétition en Espagne ?

En tant qu’ancien amateur d’athlétisme, le record qui m’impressionne le plus est celui de l’Afro-Américain Bob Beamon, qui a ébloui le monde entier avec son saut de 8,90 m au saut en longueur, lors des Jeux de Mexico, en 1968.

Les officiels de cette compétition n’étaient pas adéquatement équipés pour mesurer ce saut phénoménal qui a dépassé la zone mesurée habituellement. Ils ont dû prendre un vieux décamètre à ruban pour aboutir au résultat final, après une vingtaine de minutes d’attente.

8,90 m.

Un record du monde hors norme, 55 cm de mieux que la marque précédente.

Il a fallu attendre 23 ans pour que Mike Powell, un autre Afro-Américain, améliore le record de Beamon (8,95m).

Au Canada, les Noirs ne représentent que 3% de la population, mais les athlètes afro-descendants ont tout de même dominé l’athlétisme canadien. Vous vous souvenez du record de l’Afro-Canadien Donovan Bailey (9 s 84 au 100m) aux Jeux d’Atlanta 1996 ?

Et quelques jours après cet exploit, nous jubilions tous de voir Bruny Surin, Glenroy Gilbert, Robert Esmie, des Afro-Candaiens, accompagner Donovan Bailey pour remporter la médaille d’or au relais 4 x 100 mètres.

Ce fut un moment magique pour le Canada, et un sentiment de fierté s’est reflété dans toutes les communautés noires du pays.

Bref, les Noirs ont nettement dominé l’athlétisme, discipline reine des Jeux Olympiques.

Devrait-on associer la génétique aux résultats sportifs des athlètes noirs ?

Non.

Les Noirs n’ont ni le basketball ni le football ou la course dans le sang.

Que ce soit sur le plan sportif, musical ou intellectuel, lorsqu’ils prennent part à des concours leur permettant de se distinguer, ils donnent le meilleur d’eux-mêmes.


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Auteur

Gagnant du prix Rédacteur (rice) d’opinion aux Prix Médias Dynastie 2022, Walter Innocent Jr. utilise sa plume pour prendre position, dénoncer et informer. Depuis 2017, il propose aux lecteurs du magazine Selon Walter une analyse critique de l'actualité.

1 Commentaire

  1. Bonjour Walter. C’est en effet un sujet délicat, mais cela ne le devrait pas.

    Aucun des superbes athlètes dont tu rappelles les exploits est né en Afrique. Il y a surement une raison autre que financière et je suis presque certain que tu la connais. Ceci dit, être naturellement doué pour les sports n’est aucunement un handicap pour les autres aspects de la vie.

    Le sujet que tu abordes est, je crois, la principale raison du racisme anti noir persistant aux États-Unis ou ailleurs, c’est-à-dire qu’il génère de la jalousie primaire. D’ailleurs, j’ai de la suspicion envers les fans de hockey au sud des États-Unis. Je pense que plusieurs d’entre eux aiment ce sport parce qu’il y a peu de Noirs. Évidemment, cela exclue les immigrants du nord.

    Finalement, il faudrait être plus prudent en parlant de Florence Griffith-Joyner et de Barry Bonds. Je n’ai aucune objection pour le reste des athlètes mentionnés, tout particulièrement pour mes favorites depuis 1998, les sœurs Williams. Mon épouse et moi avons d’ailleurs bien aimé le film King Richard.

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