Culture

Mort de Kangol Kid, le premier Haïtien de l’histoire du hip-hop


Aujourd’hui, le monde du rap ainsi que la communauté haïtienne de New York sont en deuil. Kangol Kid, membre du légendaire groupe hip-hop UTFO, est décédé des suites d’un combat contre le cancer du côlon à l’âge de 55 ans, à l’hôpital de Manhaset, à New York.

La famille de Kangol Kid, de son vrai nom Shaun Shiller Fequière, a déclaré dans un communiqué qu’il était décédé vers 3 heures du matin samedi 18 décembre.

« Baby, don’t you know I can sign, rap and dance in just one show, cause I’m Kangol, Mr Sophisticata… », s’est vanté avec assurance Kangol Kid dans la chanson rap Roxanne Roxanne, sortie en 1984.

Bien avant les artistes haïtiens Wyclef Jean, Kodak Black, Hurby « Luv Bug » Azor et Jason Derulo, il y avait lui, et le grand succès Roxanne, Roxanne de son groupe UTFO, composé de Doctor Ice, Educated Rapper, Mix Master Ice et lui, a été l’une des chansons les plus influentes et les plus échantillonnées de l’histoire du hip-hop.

Sans cette chanson, il n’y aurait peut-être pas eu Roxanne Shanté, cette adolescente, qui a répliqué à UTFO en enregistrant la chanson phare Roxanne’s Revenge, sous la gouverne du légendaire producteur Marley Marl.

Fait à noter, Kangol Kid a été le premier rappeur à utiliser ce qu’on appelle le « Ghetto Pig Latin » dans la chanson Roxanne, Roxanne en disant à Real Roxanne : « Baby, while you knizzow the izzi is the greazzeat Kizzangizzo », inspirant des rappeurs tels que Snoop Dogg et Too $hort.

Né à Brooklyn, à New York, en 1966 de parents haïtiens, Fequière a dû cacher ses origines afin de pouvoir percer sur la scène de la musique rap.

Oui, c’était malheureusement la réalité de plusieurs jeunes Haïtiens vivant aux États-Unis durant les années 1980, qui étaient constamment victimes de bullying anti-haïtien.

D’ailleurs, dans plusieurs interviews accordées aux médias, Kangol Kid, qui a commencé sa carrière comme break dancer, a fait une analogie avec la boxe pour justifier la fugacité de son haïtiannité.

« Le hip-hop est un sport. C’est la seule musique qui est reconnue comme un sport, donc quand vous vous retrouvez dans cette arène avec votre rival, vous ne voulez pas que celui-ci connaisse votre faiblesse, car il vous fera tomber. Malheureusement, durant les années 1980, les Haïtiens étaient stigmatisés par l’Amérique noire », a philosophé Kangol Kid au podacst de Lord Jamar et Rah Digga.

Afin d’appuyer ses propos, il cite les paroles de la grande rivale de son groupe UTFO, Roxanne Shanté, avec laquelle il s’est entretenu il y a quelques années : « Si je savais que tu étais Haïtien à l’époque, nos guerres musicales se seraient passées différemment ».

Il raconte également un épisode survenu dans son enfance, où la mère d’un camarade d’école a agressé sa mère parce qu’elle était Haïtienne.

En fait, Shaun Fequière n’a pas seulement été le premier Haïtien à avoir percé dans le monde du rap, il aussi été le premier rappeur à avoir bénéficié des avantages commanditaires, deux ans avant le partenariat entre le célèbre groupe Run-DMC et Adidas.

Après le succès de Roxanne Roxanne, Fequière, qui était connu pour son fameux béret Kangol depuis l’école secondaire, a été approché par la marque Kangol pour une commandite.

Bien que Kangol Kid ait bien pris soin de cacher son identité haïtienne, quelques-uns d’entre nous étaient au courant et éprouvaient un sentiment d’appartenance à UTFO.

Personnellement, chaque fois que je regarde la vidéo The Freaks Come Out at Night du populaire groupe Whodini, je ne cesse de diriger mon attention sur lui, Doctor Ice et Jermaine Dupri (alors âgé de 12 ans), qui accompagnaient le trio comme danseurs.

Parmi les autres succès de UTFO figurent Ya Cold Wanna Be With Me, Split Personnality (Doctor Ice et Kangol Kid seulement), Leader Of the Pack (échantillonné par LL. Cool J) et Farytale Lover, la première ballade RnB produite par un groupe rap.

Bref, la musique de Kid et ses associés ont bercé notre enfance et a influencé plusieurs rappeurs.

Mes pensées et mes prières accompagnent Shaun Shiller Fequière, alias Kangol Kid. Que Dieu ait son âme.


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Auteur

Gagnant du prix Rédacteur (rice) d’opinion aux Prix Médias Dynastie 2022, Walter Innocent Jr. utilise sa plume pour prendre position, dénoncer et informer. Depuis 2017, il propose aux lecteurs du magazine Selon Walter une analyse critique de l'actualité.

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