Faut-il le rappeler ? Il existe de nombreuses questions sur lesquelles la Russie, l’Ukraine et les États-Unis sont en désaccord ; toutefois, ils s’entendront toujours sur le concept selon lequel « les vies blanches ont plus de valeur que les vies noires », et qu’en toutes circonstances, les Blancs doivent être les premiers ou les seuls à être protégés contre le danger.
Malheureusement, au cours des derniers jours, cette réalité a échappé à plusieurs d’entre nous.
Le tri racial
C’est le monde à l’envers. Alors que plusieurs internautes noirs se disputent sur les origines et les causes de la guerre en Ukraine, leurs frères africains font l’objet de racisme et de violence au moment de tenter de quitter ce pays en crise.
Des gardes-frontières ont interdit aux ressortissants africains de prendre la poudre d’escampette, alors que les locaux s’empressaient de fuir pour échapper aux bombardements russes.
Theresia Kamibania, une Congolaise de 25 ans, étudiante en ingénierie à Odessa, a raconté que des policiers ont braqué des armes sur elle et d’autres Noirs pour les empêcher de monter dans des trains et des bus afin de quitter le territoire ukrainien.
Et une vidéo ayant largement circulé sur les réseaux sociaux montre une mère nigériane tenant son bébé être forcée physiquement de céder son siège.
En effet, au lieu de rêver d’une Afrique unie, prospère et puissante, nous fantasmons sur la pérennité de l’américanisation et le retour de la soviétisation, tout en sachant que nous ne pouvons jouir des ces hégémonies.
Ne s’agit-il pas là d’une crise dans la crise ?
Se défaire de la colonisation mentale
Or, il est étonnant de constater que pour certaines gens de la communauté noire, défendre les valeurs idéologiques des Russes et des Américains est plus préoccupant que la dignité humaine des personnes noires.
C’est un triste constat.
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il ne se passe pas un jour, voire une heure, sans que certains de mes pairs se livrent à un jeu de comparaisons et pronostics dans lequel le « tout-puissant » Oncle Sam et « l’invincible » Russie sont couverts d’éloges.
Tant et aussi longtemps que nous continuerons à philosopher sur les capacités militaires de la Russie et la force économique des États-Unis plutôt que de se concentrer sur le présent et l’avenir de l’Afrique, nous serons victimes d’injustices raciales.
Je le concède volontiers, le spectre d’une Troisième Guerre mondiale plane sur le monde, donc il est tout à fait normal que nous analysions la situation ukrainienne de manière exhaustive.
Cependant, quand je vois des Noirs se dénigrer et s’insulter sur les réseaux sociaux au sujet des superpuissances, je me dis que Jean-Jacques Dessalines, Thomas Sankara et Marcus Garvey doivent se retourner dans leur tombe.
Je me dis aussi que beaucoup d’entre nous sont tombés dans le piège propagandiste des Occidentaux en fantasmant sur un ailleurs puissant, salvateur et blanc.
En effet, au lieu de rêver d’une Afrique unie, prospère et puissante, nous fantasmons sur la pérennité de l’américanisation et sur le retour d’une soviétisation, tout en sachant bien que nous ne pouvons jouir de ces hégémonies.
À mon avis, la Russie, les États-Unis et la Chine n’en ont rien à cirer des problèmes de l’Afrique ou d’Haïti, alors pourquoi devrais-je être en admiration devant leur économie et leur puissance militaire ?
La Chine s’est même faufilée dans l’imaginaire de quelques-uns qui la perçoivent comme étant la puissance impérialiste idéale pour « sauver » les pays noirs.
Par exemple, la semaine dernière, séduite par la présence chinoise en Afrique, une amie d’origine haïtienne m’a fait savoir que si Haïti tombait dans les mains de la Chine, elle connaîtrait des lendemains qui chantent.
Ironiquement, selon des données publiées par la Banque mondiale, Haïti était cinq fois plus riche que la Chine en 1960, et la Corée du Sud avait la même richesse par habitant que les pays pauvres de l’Afrique subsaharienne.
L’union fait la force
La Chine va « développer » l’Afrique.
Nul besoin de vous dire que je me dissocie de ce discours prônant le défaitisme et le capitulationnisme. Cela ne fait que renforcer le néocolonialisme.
Ah, le complexe d’infériorité, ce sentiment de se sentir moins beau, moins fort et moins intelligent…
À mon avis, la Russie, les États-Unis et la Chine n’en ont rien à cirer des réels problèmes de l’Afrique ou d’Haïti, alors pourquoi devrais-je être en admiration devant leur économie et leur puissance militaire ?
Qu’ont-ils fait ou dit à propos des étudiants originaires d’Afrique qui ont vécu un cauchemar à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?
Rien.
D’ailleurs, des médias occidentaux, notamment les chaînes de télévision CBS et BBC News, ont été plongés dans un gargarisme ou, si vous préférez, un turlututu médiatique en distinguant les réfugiés européens aux cheveux blonds et aux yeux bleus de ceux venant du « Tiers-monde ».
Certes, des dirigeants africains ont exprimé sur Twitter leur inquiétude quant aux actes racistes perpétrés envers les ressortissants africains de l’Ukraine, toutefois les dénonciations ne suffisent plus.
Nous devons engager des actions concrètes favorisant l’unité africaine, afin que le berceau de l’humanité devienne une superpuissance, comme la Russie et l’Oncle Sam.
Appelez-moi rêveur, naïf ou marchand d’utopie, moi j’y crois. Je crois au panafricanisme, à la solidarité entre les Africains et les personnes d’ascendance africaine.
Que l’on soit Haïtien, Congolais, Jamaïcain, Sénégalais, musulman ou chrétien, on doit intégrer dans notre pensée qu’une Afrique unie est l’ultime façon de stopper la propagation du racisme antinoir dans le monde.
Plus d’une cinquantaine d’États africains, quelques pays des Antilles et de l’Amérique du Sud pour défendre les droits et les intérêts des personnes noires.
Nous ne parlons peut-être pas tous la même langue, mais nous partageons une histoire commune et comprenons la douleur de tous les Noirs.
Je vous invite à participer à la conversation en laissant un commentaire un peu plus bas sur le site. Merci.
4 Commentaires
Belle réflexion; ceci dit, la guerre en Ukraine ne fait pas seulement peur le spectre d’une troisième guerre mondiale… je pense qu’il il y a plus de choses qui doivent nous pousser à regarder ce conflit de plus près ….
Quand vous dites qu’il faut travailler pour que l’Afrique devienne une superpuissance comme les puissances occidentales; est ce que vous pensez que le modèle économique capitalise actuel, un marché mondialisé, avec la spéculation, les géants multi-nationaaux, l’affaiblissement de l’Etat et et de nouvelles formes d’organisation sociale propre à l’occident; est ce que vous pensez que l’Afrique peut s’inspirer de cette même dynamique et de ce modèle , afin d’arriver à être cette super puissance économique dont vous parlez, ou devrait-on proposer de modèles alternatives en fonction de l’espace-temps et… propre à notre réalité historique, materielle et sociologique?
Merci beaucoup pour les bons mots, Dieubert ! Votre question est très pertinente. Pour répondre à cette question, je dirai d’emblée que l’Afrique doit à tout prix éviter l’occidentalisation, car elle est unique. À la base, elle ne pensait pas comme l’Europe et agissait différement de ce contienent. Prenons en exemple le Rwanda. Je ne dis pas que Kwagame est un saint, mais il a accompli certaines choses qui symbolisent l’autodétermination. Cependant, nous faison partie du monde, et nous devons certainement ce que font les autres pour faire mieux qu’eux, tout comme ils essaient de s’approprier quelques de nos plus belles choses. L’Afrique est trop riche en ressources naturelles pour qu’elle soit dans cette position.
Merci pour votre passage, mon frère. À bientôt.
My God,
Belle reflection
C’est plâte de voir qu’ils ne sont pas là pour appuyer les dires, voir qu’il ya juste 444 partages.
C’est decevant, pensez-vous que quelqu’un d’autre viendra faire le combat pour nous.
Nous devons plutôt utiliser les médias sociaux pour partager ce genre d’article .
Arrêtons d’aimer les autres plus que nous même.
Merci pour cet article
Ps: désolé pour les fautes, suis Africain et essaie d’apprendre les langues Africanes .
My God,
Belle reflection
C’est plâte de voir qu’ils ne sont pas là pour appuyer les dires, voir qu’il ya juste 444 partages.
C’est decevant, pensez-vous que quelqu’un d’autre viendra faire le combat pour nous.
Nous devons plutôt utiliser les médias sociaux pour partager ce genre d’article .
Arrêtons d’aimer les autres plus que nous même.