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Serena Williams, la meilleure de tous les temps

Les chiffres ne mentent pas : 23 titres du Grand Chelem, 100 victoires à Flushing Meadows, 72 titres en simple et une médaille d’or aux Jeux olympiques. Cependant, aussi franches soient ces statistiques pour sacrer Serena Williams meilleure tenniswoman de tous les temps, elles ne peuvent pas tout dire…

Elles ne peuvent surtout pas raconter comment tout au long de sa carrière professionnelle, Serena a régulièrement fait face à deux adversaires au lieu d’une : à chaque match, elle doit d’abord affronter le racisme et le sexisme avant de vaincre son adversaire.

Les statistiques ne nous dévoilent pas non plus que la Nippo-Haïtienne Naomi Osaka et la jeune Coco Gauff, deux vedettes montantes du tennis féminin, se sont inspirées du parcours difficile de la joueuse de 38 ans pour atteindre leurs buts.

Coco Gauff, Serena Williams et Naomi Osaka

Avant d’élaborer sur l’influence positive qu’a eue Serena Williams sur sa communauté et son sport, parlons de psychologie, de résilience, d’intersectionnalité, d’injustice ; enfin bref, parlons des obstacles mis sur son chemin, afin de mieux comprendre pourquoi elle est la plus grande de tous les temps.

Le racisme dans le monde du tennis

Vous souvenez-vous du regrettable incident survenu à Rolland-Garros, en France, lors d’un match entre Serena Williams et Justine Henin, où le public parisien s’en est violemment pris à l’athlète afro-américaine en la conspuant parce qu’elle avait osé contester une décision de l’officiel, en 2003?

Et que dire du comportement hostile des 15 800 spectateurs blancs, à la finale du tournoi d’Indian Wells, au pays même de Serena Williams, en 2001, alors qu’elle n’était qu’une adolescente?

Lors de ce match opposant Serena à la Belge Kim Clijsters, certains ont même eu l’insensibilité de lancer le mot « nègre » à Richard Williams, le père, parce qu’on le soupçonnait d’avoir saboté une rencontre entre les deux soeurs en demi-finale.

Tout a été mis en œuvre pour que d’autres Serena, au teint foncé et aux courbes plantureuses, n’envahissent pas ce sport de Blancs et de riches, mais en vain, le message de la tenniswoman afro-américaine a été véhiculé depuis belle lurette.



Serena Williams et Kim Klijsters après le match controversé, à Indian Wells

Dans ce cas il ne fait aucun doute que le public américain a préféré une Belge à une compatriote, tandis que Kaepernick, lui… Non! Je m’arrête là, car la schizophrénie patriotique des Américains est trop difficile à expliquer!

De plus, ce n’est pas un secret de polichinelle qu’au cours de leur carrière, Serena et sa soeur Venus ont été victimes de tests de dépistage de drogues excessifs. En toute franchise, jamais des joueurs de l’ATP – Association des joueurs du tennis – ou des joueuses de la WTA – Association des joueuses du tennis – n’ont été contrôlés autant que les soeurs Williams.

J’ai même rencontré des gens qui doutaient du sexe de la cadette des soeurs Williams : « Est-elle une femme ou un homme? », m’a déjà demandé une blonde aux yeux bleus, qui était visiblement intimidée par la puissance et la confiance de la championne noire sur les courts de tennis.

La résilience de Serena

Tout a été essayé par les organisations supervisant le tennis afin d’empêcher la talentueuse athlète de devenir une grande étoile dans l’univers de la balle jaune.

Quand ce n’est pas le bannissement de ses combinaisons moulantes, c’est la création d’une régulation concernant le choix de la coiffure des joueuses, qui la vise principalement.

Tout a été mis en œuvre pour que d’autres Serena, au teint foncé et aux courbes plantureuses, n’envahissent pas ce sport de Blancs et de riches, mais en vain, le message de la tenniswoman afro-américaine a été véhiculé depuis belle lurette.

La plus grande joueuse de tennis de tous les temps

L’influence positive de Serena

Quel est son message?

En 1999, en remportant son premier titre majeur à Flushing Meadows, elle a fait savoir à Naomi Osaka, à Coco Gauff et Françoise Abanda que le tennis féminin n’est pas défini par le fait d’être une femme blanche aux jupes plissées, tenant une raquette.

C’est un message qui dit aux jeunes filles d’Haïti, du Nigeria et des quartiers noirs des États-Unis que la pauvreté ne devrait pas les empêcher de rêver.

Après ce premier triomphe à l’US Open, je savais que quelque chose allait changer dans ce monde de la bourgeoisie, qui ne s’était limité qu’aux plus talentueux des enfants de riches.

Je savais également que des parents noirs allaient suivre les traces de Richard Williams, le père ingénieux de Serena et Venus, pour, à leur tour, créer des championnes.

Cela dit, après ses 20 ans de carrière, on peut conclure que Serena Williams a empoché beaucoup de millions, et que le tennis s’est bien enrichi par l’apport social et culturel de l’athlète. C’est une forme de mutualisme, une réciprocité made in USA : « Je te donne, tu me donnes… »

N’ayons pas peur des mots : la plus grande joueuse de tennis de tous les temps a démocratisé son sport jugé trop conservateur.

Et cette démocratisation est assurément un revers au racisme, un coup droit à l’élitisme blanc, mais un très bon service à la société.


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Auteur

Gagnant du prix Rédacteur (rice) d’opinion aux Prix Médias Dynastie 2022, Walter Innocent Jr. utilise sa plume pour prendre position, dénoncer et informer. Depuis 2017, il propose aux lecteurs du magazine Selon Walter une analyse critique de l'actualité.

6 Commentaires

  1. Je suis d’emblée d’accord que Serena Williams est la meilleure de toutes.

    Des bémols cependant. Tu écris « à chaque match, elle doit d’abord affronter le racisme et le sexisme ». Premièrement, parlons du racisme. De la part d’un certain public, aucun doute possible, mais de la part de WTA, j’ai de sérieuses réserves. Sexisme? J’imagine que tu veux dire qu’elle a été critiqué pour certains comportements presque banals pour les joueurs masculins. C’est vrai, mais honnêtement, la presque totalité de sa carrière s’est déroulée sans incident.

    Par contre, elle n’a pas eu sa juste part des revenus publicitaires et on sait pourquoi.

    Tu mentionnes un incident à Roland Garros. De mémoire, il me semble qu’elle a été bien traitée au cours des ans à Paris. J’ai du chercher sur Youtube pour avoir quelques images de la partie que tu mentionnes. Le comportement de Serena a été tout à fait correct et je ne pense pas qu’elle en voulait à l’arbitre, qui, au fait, était aussi noir.

    Justine Hénin étant une belge francophone, il est possible que des Belges formaient une partie non négligeable du public et qu’ils encourageaient agressivement Hénin. De plus, les huées n’étaient pas généralisées. 5 à 10% du public suffit pour donner l’impression que tout le stade hue.

    La joute à Indian Wells était nettement teintée de racisme. Ce tournoi se joue dans une région conservatrice de la Californie. Richard Williams a très bien fait d’interdire à ses filles d’y jouer par la suite.

    Les coiffures des Williams? Je crois que c’est Venus qui a eu certains problèmes, entre autres parce que des billes s’étaient échappées de ses cheveux. Encore là, il faut reconnaître que des petites billes tombées sans avoir été remarquées peuvent être très dangereuses pour les deux joueuses.

    Je ne savais pas que Venus Williams avait subi de nombreux tests de dépistage. Peut-être étaient-ils de nature différente que ceux de Serena. Anyway, j’avais toujours cru que Venus était une des meilleures garanties que Serena ne se dopait pas. En effet, il est presque évident que Venus ne prend pas de stéroides, alors qu’elle en aurait eu plus besoin que Serena. On peut penser que les deux soeurs avaient naturellement la même attitude envers les stéroides.

    Il est vrai que bien des gens y vont de commentaires dégueulasses, soit par racisme, soit par jalousie. A part les purs imbéciles, je pense qu’ils croient les méchancetés qu’ils crachent.

    Pour conclure, on ne saurait louanger suffisamment Richard Williams pour l’incroyable projet qu’il s’était mis en tête. A priori, ses chances de réussite étaient infimes. J’imagine qu’il se disait que même si cela n’aboutissait pas à une carrière professionnelle, l’expérience aurait été bénéfique pour elles et les parents.

    Salut.

    • Walter Innocent Jr Répondre

      Salut Luc! N’oublions pas les nombreux contrôles anti-sétéroïdes que les soeurs Williams ont dû subir durant leur carrière.

      • Dans mon avant avant-dernier paragraphe, je mentionnais ne pas avoir connaissance que Venus Williams avait été testé souvent. Si c’est le cas, je serais surpris que ce soit pour prise de stéroïdes, puisqu’il semble évident qu’elle n’en prend pas. Peut-être a-t-elle été testée pour autre chose. Sharapova s’est fait coincer pour autre chose que des stéroïdes.

        Évidemment, toutes les joueuses se font tester. Il faudrait connaitre les fréquences pour pouvoir discuter. Ceci dit, je trouverais tout à fait normal que Serena Williams (ou Sakkari ou Sabalenka ou Nadal) se fasse tester plus souvent que, disons, Radwanska,

  2. Ou la la … La dernière phrase de l’avant dernier paragraphe est

    A part les purs imbéciles, je pense qu’ils NE croient PAS les méchancetés qu’ils crachent.

  3. la première photo n’est pas très à son avantage, je n’ose pas évoquer son physique athlétique de peur de voir surgir un quelconque mouvement de défense de… magnant avec dextérité le point godwin mais elle ne luttent pas dans la même catégorie, Serena Williams me faisant plus penser à Caster Semenya qu’a Chris Evert laquelle est malheureusement blanche couleurs que vous ne semblez pas apprécier beaucoup.

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