Durant une belle journée d’été, vous prenez une marche dans le parc, et de manière inattendue, vous surprenez le ou la partenaire de vie de votre ami.e avec une autre personne, en situation d’infidélité. Que faites-vous ? Vous sortez votre téléphone intelligent de votre poche pour tirer la sonnette d’alarme en appelant votre ami.e ? Ou vous gardez le silence ?
Bien que l’infidélité soit de plus en plus normalisée par les adeptes du polyamour, celle-ci demeure un acte de haute trahison, une blessure difficile à panser.
Et c’est la raison pour laquelle ce sujet est souvent débattu et abordé lors de soupers entre amis.
Personnellement, je fais partie de ceux et celles qui pensent que nul ne devrait se mêler des relations amoureuses des autres. L’intimité entre mon ami et sa conjointe ne me concerne pas.
Toutefois, je reconnais que le rigorisme moral de certaines personnes peut les pousser à s’immiscer dans la vie privée de leurs proches, et c’est correct aussi.
L’idée d’écrire cet article m’est venue à la suite d’une conversation que j’ai eue avec un ami qui a appris que la femme de son meilleur ami le trompait. Garry (nom fictif), un célibataire endurci, est obsédé par cette histoire et s’affairait à rassembler des preuves de cette tromperie afin de tout dévoiler.
Et pourquoi tiens-tu tant à te mêler de la vie privée des autres, Garry ?
« Parce que ça ne se fait pas ! Ce qu’elle fait à mon camarade est dégoûtant. »
Et si c’était ton meilleur ami qui commettait l’infidélité, avertirais-tu sa femme ?
« Euh… ben là ! Je ne vais quand même pas “snicher” (dénoncer) mon ami… »
Et pourquoi pas, Garry ?
N’est-il pas vrai que ce qui est bon pour pitou est aussi bon pour minou ?
Pas forcément. Pas pour mon ami Garry et un bon nombre de gens qui maîtrisent l’art de la duplicité.
Voyez-vous, dans le monde dans lequel nous vivons, minou est bien trop souvent ostracisé, car au nom du concept « The Bro Code » et de tous les autres codes d’honneur qui existent entre femmes, notre sens moral se noie dans une mer d’hypocrisie.
Que celui ou celle qui n’a jamais couvert son ami.e dans une affaire d’infidélité me lance la première pierre.
Poursuivant cette réflexion, j’avoue que mon intégrité morale a déjà été mise en cause. Il y a une quinzaine d’années, Tamara (nom fictif) m’a appelé avec un numéro masqué pour me demander si Jean-Claude (nom fictif également), un ami proche, se trouvait chez moi. Pris au dépourvu, j’ai hésité quelques secondes avant de répondre qu’il venait tout juste de partir, sachant bien qu’il était chez une fille.
Encore aujourd’hui, ce moment de lâcheté et de solidarité malsaine est resté vivace dans mon esprit. En faisant preuve de loyauté envers mon ami, j’ai fait du mal à une personne au cœur brisé et détresse.
Permettez-moi de vous présenter un autre point, délicat et important, sur ce sujet.
Après avoir cogité sur des choses et gens entendus, comme le dirait Maurice Sixto, j’ai constaté que beaucoup de personnes n’aimaient pas qu’on leur annonce la mauvaise nouvelle, c’est-à-dire que leur amoureux ou amoureuse les trompe.
Quand j’étais en secondaire, un camarade de classe avait surpris sa mère et le mari de sa tante en train de s’embrasser, et Claudel (nom fictif) a mis son père au parfum des activités indécentes de sa maman. Ce scandale a suscité l’intérêt (zen) des gens de la Croix-des-Bouquets (Haïti), lieu de naissance du couple, et le bruit courait que l’un des enfants n’était pas réellement celui du père de Claudel.
Quelques mois plus tard, les parents de Claudel se sont séparés, et son père l’a accusé d’être celui qui a brisé son couple.
Pire encore, la haine que le cocu ressentait envers son ex-femme a été projetée sur son fils, qui n’était qu’un adolescent agissant de bonne foi.
C’est toujours avec les larmes aux yeux que Claudel me raconte cette histoire lorsque je le croise au centre-ville : « Mon père m’a détesté jusqu’à sa mort et a même renié mes enfants. »
Quelle tristesse !
Pendant toute son enfance, Claudel a été encouragé à dire la vérité.
Or, en s’approchant du monde des adultes, il découvre de manière brutale la complexité et le paradoxe de la pensée humaine : il faut toujours dire la vérité, mais toute vérité n’est pas bonne à dire.
Je vous invite à prendre part à la conversation en laissant un commentaire en bas du site. Merci.
1 Commentaire
Bonjour Walter. Quelle question! On a tous soit vécu, soit subi ou été témoin de tricheries amoureuses. L’ame humaine est tellement faible.
Si cet « ami » était un membre de ma famille proche, je ne crois pas avoir le choix, je l’avertirais. Par extension, je ferais de même pour un(e) ami(e) tellement cher qu’il est presque de ma famille, mais ceux-ci ont été bien rares.
Pauvre Claudel, ca doit être terrible comme expérience.