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Les ministres noirs doivent se libérer des chaînes systémiques de François Legault

C’est une question de portée nationale, et tout le monde en parle : le racisme systémique est bel et bien présent au Québec. Et plus le premier ministre François Legault s’enferme dans le déni en ce qui concerne ce sujet, plus je m’inquiète de l’immobilisme de mes compatriotes Lionel Carmant et Nadine Girault, qui sont attachés par les fils de la marionnette du gouvernement caquiste.

Le constat est plutôt triste : ainsi fait M. Legault, ainsi font, font, font ses deux ministres noirs qui ne veulent pas reconnaître l’existence du problème qui nuit à l’avancement de leur communauté.

Après les aveux de racisme systémique du premier ministre Justin Trudeau, de la mairesse Valérie Plante et d’autres politiciens, c’est au tour du coloré maire Régis Labeaume de mettre le doigt sur le point sensible de notre société.

Et hier, 9 octobre 2020, plus de 470 professeurs d’université et professionnels de la santé ont dénoncé le fait que le premier ministre du Québec refuse de reconnaître le racisme systémique dans une lettre ouverte.

Clairement, la concomitance entre ces personnalités publiques place Lionel Carmant et Nadine Girault au centre de l’éclaboussure, ceux-ci étant, avec Christopher Skeete (député de Sainte-Rose), les seuls Noirs des « Joyeux naufragés » du bateau de Legault qui semble s’être échoué sur une île déserte du déni.

Seuls contre tous…

Cela dit, que la vice-première ministre, Geneviève Guilbault, aveuglée par l’étendue de son privilège blanc, ait déclaré, lors de son passage à l’émission Tout le monde en parle, ne pas percevoir le racisme qui a été érigé en système au Québec, ne nous étonne pas.

Cependant, lorsque Lionel Carmant et Nadine Girault participent au camouflage caquiste qui consiste à cacher les petites laideurs de la Belle Province en refusant d’identifier le racisme systémique de la société québécoise, nous sommes en droit de nous poser quelques questions sur le rôle des élus noirs.

Car les Afro-Québécois qui ont voté pour ces deux brillants membres de la communauté haïtienne aux élections provinciales ne l’ont pas fait dans l’unique but d’avoir un symbole à l’Assemblée nationale.

Non, pas en 2020 !

Cette époque de sentiment de fierté est révolue. Aujourd’hui, nous exigeons des actions concrètes de la part de nos semblables qui siègent à Québec ou Ottawa, tout comme les Italiens et les Grecs nourrissent de grandes attentes à l’égard des élus de leur communauté.

Ceci conduit à poser la question suivante : Lionel Carmant et Nadine Girault sont-ils avant tout des caquistes se conformant à la ligne directrice de leur chef François Legault ou des Noirs ?

Selon le théologien et auteur américain James Freeman Clarke, « un politicien pense à la prochaine élection, l’homme d’État, à la prochaine génération ».

Or, dans le contexte actuel, tout indique que Dr Carmant et Mme Girault pensent d’abord à la base électorale de François Legault, et que celui-ci ne se préoccupe pas de l’avenir des gens racisés.

Pourtant, avant d’être mis à l’avant-scène politique, Lionel Carmant a vécu les mêmes problèmes que vivent actuellement la plupart des Afrodescendants et Autochtones.

Au mois de juin dernier, dans une entrevue au 98.5, à l’émission de Paul Arcand, il a admis avoir lui-même été victime de profilage racial, et que ses enfants ont subi le même sort.

Très révélateur, n’est-ce pas ?

La triste ironie en ce qui concerne le panurgisme de Lionel Carmant et Nadine Girault, c’est qu’en 1998, le premier ministre François Legault s’est joint au Parti québécois pour protéger sa « nation » contre la discrimination systémique du Canada anglais.

En réalité, M. Legault aime ceux et celles qui lui ressemblent, et c’est malheureusement ce type d’amour qui manque à quelques élus noirs.

Je m’explique.

Contrairement à la croyance répandue, ce n’est pas tant les lacunes économiques des communautés noires qui ralentissent les Afrodescendants, mais davantage le manque d’estime de soi.

Autrement dit, l’amour de soi est la condition sine qua non au rayonnement des communautés noires.

Permettez-moi de vous donner trois exemples où le patriotisme lié à l’ethnicité l’emporte sur le conformisme politique.

J’ai souvenance du kamikaze politique de Maria Mourani, l’ancienne députée du Bloc québécois, qui est d’origine libanaise.

En 2013, Maria Mourani s’est fortement opposée au projet de loi sur la Charte des valeurs québécoises du gouvernement Marois, qui touchait particulièrement la communauté arabe. L’insubordination de Mme Mourani a poussé le chef Daniel Paillé à l’expulser du caucus du Bloc québécois.

Dans l’esprit de Mme Mourani, ses origines avaient priorité sur son parti politique.

En 1990, Lucien Bouchard, qui était ministre de l’Environnement, quitte le Parti progressiste-conservateur du Canada parce qu’il était insatisfait du traitement réservé au peuple québécois.

Pour l’amour des « Gens du pays », son peuple, Lucien Bouchard a rompu avec son vieil ami Brian Mulroney, qui était son chef et le premier ministre du Canada.

Finalement, en 1976, Jean Marchand, membre influent du Parti libéral du Canada, démissionne de la Chambre des communes, car il était en désaccord avec une décision de son parti, qui limitait l’usage du français chez les contrôleurs aériens du Québec.

Les ministres Lionel Carmant et Nadine Girault ne peuvent plus continuer d’être membres de l’équipage du beau grand bateau de leur capitaine qui ne cesse de faire des vagues depuis la mort de George Floyd.

Ils bénéficient d’une aisance financière qui leur permettrait de briser les chaînes du déni systémique de la CAQ.

C’est l’occasion idéale pour se faire respecter. Pour montrer à la jeunesse noire que le colon n’habite plus notre esprit.

Pour conclure, je ne doute pas que nos compatriotes politiciens soient de bonnes gens qui font de leur mieux.

Et je comprends qu’ils aient des engagements fermes envers leur parti politique. Cependant, cette loyauté ne doit pas les conduire à occulter la réalité de leurs semblables.


Je vous invite à participer à la conversation en laissant un commentaire un peu plus bas sur le site. Merci.


Auteur

Gagnant du prix Rédacteur (rice) d’opinion aux Prix Médias Dynastie 2022, Walter Innocent Jr. utilise sa plume pour prendre position, dénoncer et informer. Depuis 2017, il propose aux lecteurs du magazine Selon Walter une analyse critique de l'actualité.

12 Commentaires

  1. Angelot Ducheine Répondre

    Bonjour Walter,

    En toute honnêteté, j’ai plus ou moins aimé votre article.
    Je vous avoue que vous avez choisi un titre qui «frappe» !
    Vous avez réussi à attirer mon attention en vous lisant.

    Je suis surpris que vous n’avez pas souligné que ces deux ministres sont coprésidents du groupe d’action contre le racisme. https://www.quebec.ca/gouv/politiques-orientations/groupe-action-contre-racisme/

    J’aime les comparaisons que vous faîtes avec Maria Mourani , Lucien Bouchard et Jean Marchand.

    Je suis d’accord qu’il y a un problème que le PM Legault ne reconnaisse pas qu’il y ait du racisme systémique au Québec.

    Quelqu’un a dit : «C’est très facile de critiquer, mais c’est difficile de faire mieux»
    Je ne dis pas que vous n’avez pas droit de vous exprimer en ajoutant une critique.
    Liberté d’expression est un droit. Je vous l’accorde.
    Toutefois, je ne vois aucune solution pour combattre le racisme systémique.
    Je pense que ce sont les solutions à ce problème social qui sauront nous aider.

    Je préfère attendre les recommandations du groupe avant de les juger.

    Qu’en pensez-vous?

    Cordialement,

    A.D

    • Walter Innocent Jr Répondre

      Merci pour ce commentaire, Angelot ! Vous apportez un point de vue différent et c’est essentiel à un vrai dialogue.

      Oui, tu as raison, j’ai omis de mentionner que les deux ministres coprésident un groupe d’action contre le racisme. Mais, voyez-vous, aux dernières nouvelles, avant même d’attendre la conclusion de cette commision, le premier ministre Legault nous prévient que Dr Carmant et Mmme Girault ne parleront pas de racisme systémique. Pas normal.

      Quant à la solution, ne doit-on pas reconnaître d’abord le problème ?

      J’espère échanger de nouveau avec vous, camarade. À bientôt.

  2. Pierre Michaud Répondre

    Je suis d’accord a 100% . ! Ce texte reflète bien la réalité politique actuel sur la lâcheté de certains de nos politiciens qui refusent de reconnaître la réalité du racisme systémique. Dans les faits il est institutionalisé depuis des décennies dans les services publiques , le logement ect.. Continuez votre bon travail Walter.!

    • Walter Innocent Jr Répondre

      Merci beaucoup pour les bons mots, Pierre Michaud ! J’apprécie grandement. J’ai suivi les échanges que vous avez eus avec Fabrice sur les réseaux sociaux. J’admire votre culture générale. Je vous dis bravo et à bientôt, camarade.

  3. Ouffff! Mais tellement bien dit! Merci de nous instruire dans le processus (petit cours d’histoire). J’ai beaucoup apprécié.

    • Walter Innocent Jr Répondre

      Merci beaucoup pour vos bons mots, Jay Bee ! C’est grandement apprécié.

  4. Fritzberg Daléus-Natif natal Répondre

    Attention!…Attention!!!

    Un chef-de-fil /ou un Premier ministre du Québec à l’image de mon oncle, F. Legault, qui feint ou refuse catégoriquement de reconnaître que le racisme systémique est un fléau qui ravage le Québec, comme le fait d’ailleurs la COVID-19, contrairement au Premier ministre du Canada, Justin Trudeau qui intervient pour renverser la vapeur à travers les provinces du pays, en décriant ce type de racisme; dans ce cas préci, mon oncle Legault joue à latruche. Capital politique oblige!

    Dommage, que mon oncle se trompe grossièrement, et se serve de ses aculturé(e)s ministres afrodescendants, racisés eux-même, et d’autres ministres racistes qui, somme toute, joue bien la comédie, en tant qu’acteurs (trices) de la grimace!!!

    Et si mon oncle Legault ne s’empresse pas pour corriger cette situation avant la prochaine élection, il risquerait d’avoir sur la tête et ses épaules d’énormes poids lourds à soulever seul. et ce, sur toutes les tribunes, envers et contre tous, pour se porter à la défense de son discours »Le racisme systémique n’existe pas au Québec ». À ces fins, il sera probablement trop tard dans un monde qui a trop souffert, et obsolette dans un monde trop jeune qui sera déjà révolu.

    À bon entendeur, salut!

  5. Fritzberg Dléus-Natif natal Répondre

    Errata: Dans le commentaire précédent…À ajouter (s) à préci et (s) à eux-même, s.v.p.

  6. Bonjour Walter. Félicitations de mettre un peu de pression sur ces deux ministres. Cela s’impose, car le PM Legault a tellement peur de déplaire à sa chère base francophone régionale.

    Par contre, la définition racisme systémique est floue et les démagogues nationalistes en profitent pour nier énergiquement son existence.

    D’autre part, j’aimerais connaître ton point de vue sur la composition ethnique du SVPM et du Service de sécurité incendie de Montréal. Il y a environ une vingtaine d’années, on pouvait voir assez souvent des policiers de différentes origines. Maintenant, il est très rare de voir un policier(e) en bas de disons 35 ans qui ne soit pas blanc et francophone.

    Chez les pompiers, c’est la disette totale. Je lorgne toujours dans les casernes lorsque je passe devant et que la grande porte est ouverte. Tous les pompiers proviennent du même fabriquant, pas besoin de préciser lequel.

  7. Je suis triste de voir le manque de support envers le peuples autochtones par les haïtiens. Le 18 Novembre 2012 le peuples algonkienne à adopter les haïtiens comme leur frère et qu il pouvait agir en autochtones dans ce pays . Voir sur Google
    Algonkien et haïtiens. Ces quoi qui ces passer ou nous somme rendu levons nous et serrons nous les mains pour leur démontrer
    Que le racisme systémique et bien présent au Québec

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